LE SYNDROME DU DEPART


EDITO

LE SYNDROME DU DEPART


Par Danik Ibrahim Zandwonis 27.01.2009 l 08h44



Lyannaj Kont Pwofitasyon, nous l'avions dit, dès le premier jour, n'est pas un mouvement syndical, comme les autres. C'est l'expression totalement inédite, d'un peuple qui après plus de 3 siècles de colonisation a décidé en décembre 2008 de se donner les moyens appropriés et nouveaux pour poser dans leur globalité les problèmes fondamentaux du peuple guadeloupéen.

J'ai bien écrit LE PEUPLE GUADELOUPEN. Car il est important de distinguer le peuple guadeloupéen du peuple français. Même si l'intérieur même de ce peuple guadeloupéen, certains ont délibérément choisis, d'être des « français ». Ils en ont le droit, car aujourd'hui, la question du choix de la nationalité ne se pose pas... pas encore. Les débats passionnés, suscités par notre précédent édito, confirment, s'il en était besoin qu'il faut cesser de se mentir et de se voiler pudiquement la face...

Les français résidents en Guadeloupe sont devenus très frileux, parfois stressés, car ils se sentent très « concernés » par la méthode LKP et les problèmes de fond qui sont nécessairement soulevés.

Ces français qui occupent aujourd'hui la Guadeloupe, ont les meilleurs places, bénéficient de tous les avantages peuvent, faire l'autruche et oublier, que partout où il y a eu colonisation il y a eu tôt ou tard décolonisation. Parfois comme en Indochine, en Algérie, au Congo, etc....cela s'est fait dans la douleur et dans les larmes... mais à qui la faute ?

Lorsque le colonisé prend en main les destinées de son pays, les rôles sont inversés. C'est alors, lui qui décide du sort du colonisateur et à ce moment précis, se pose la question et les conditions du départ de « l'autre » .La Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, sont dans le vent irrésistible de l'histoire : ki yo vlé, ki yo pa vlé !

Mais revenons au mouvement social.

Jusqu'au 16 décembre 2008, la « terreur » des patrons exploiteurs, guadeloupéens, ou français s'appelait UGTG. Les années -Clavier et à un moindre niveau, les années Gauthiérot, les deux prédécesseurs d'Elie Domota, à la tête de l'UGTG, n'ont pas toujours été des périodes festives. : Routes barrées, port bloqué, stations services fermées, employés municipaux en grève etc... mais malgré tout, ces conflits restaient relativement « gérables », car les patrons à la longue s'étaient quelque peu « accommodés » de l'UGTG...

Or, l'irruption peu prévisible de Lyannaj Kont Pwofitasyon, introduit une donne nouvelle dans le paysage socio-économique et sociopolitique guadeloupéen. Car ce LKP en fédérant à la fois, des partis politiques de la mouvance indépendantiste, les groupes culturels identitaires les plus « marqués »et les syndicats les plus radicaux, devient dès lors, un outil d'une redoutable efficacité.. Les deux grosses manifs du week-end end dernier ont largement contribué à convaincre les derniers sceptiques.

La détermination sans faille et la pugnacité des « négociateurs » de LKP, qui ont eu à deux reprises à rencontrer au WTC, pouvoirs politiques et économiques ne laissent aucune place au doute. Bien avant les décideurs économiques, ce sont les politiques qui ont semblé le plus avoir à craindre du LKP.

Exemple, le Président du Conseil Régional , un peu parano, a longtemps pensé ou cru que LKP était une sorte de » machine infernale » inventée par le pouvoir français, et ses relais locaux, pour le « déchouker »avant les prochaines régionales...

Les discussions très vives, lundi soir entre LKP et les représentants de l'état français, ont bien démontré qu'Elie Domota et ses camardes ne se trompaient pas d'adversaires. Victorin Lurel lui même, d'ailleurs, sortant de sa réserve a publiquement affirmé « qu'il n'avait de leçon de patriotisme guadeloupéen à recevoir de personne ». C'est noté, Camarade, Président !

Le LKP, correspond donc bien à la situation actuelle de notre pays, C'est d'abord une réponse sociale, mais elle ne peut se réduire à cela, qu'on se le dise.

Après une semaine, de grève illimitée, de contestation des pouvoirs, cette structure multiforme paraît être l'arme fatale, la plus appropriée pour aider à la résolution des problèmes sociétaux et fondamentaux de la Guadeloupe.

La misère sociale, le cout de la vie, l'apartheid socio-économique, le racisme à l'embauche, la désespérance des jeunes diplômés ou pas, la crise du logement social sont les thèmes récurrents, qu'on ne peut plus éluder d'un revers de la main.

Toute analyse en profondeur de la société guadeloupéenne, revient à regarder dans le détail, les causes réelles de la situation actuelle. L'injustice sociale, le racisme, l'exclusion, sont autant de sujets qui remontent à la surface. Certains pourront être résolus momentanément par ce puissant mouvement social, mais chacun sait que désormais, plus rien ne sera comme avant ! C'est cette donnée objective qui effraie les français séjournant ici, trop oublieux de leur propre histoire coloniale.

 

 

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